jeudi 28 mai 2009

Evolution darwinienne vu par Dumas père

Pour ceux qui ne le savent pas, Alexandre Dumas (auteur des "3 Mousquetaires", du "Comte de Monte-Cristo", de "la Reine Margot", de "l'Homme au masque de fer", de "la Tulipe noire "...) était quarteron (sa grand-mère était une esclave noire de St Domingue). Son père, métisse, a d'ailleurs été le premier colonel noir de l'armée française, mort dans l'ingratitude de l'état, privé de pension et de toute reconnaissance, son fils Alexandre n'avait pas 4 ans alors.
Lui-même, Alexandre Dumas, a été souvent la cible de railleries et autres propos racistes.
Il est tout de même étonnant que ce contemporain de Victor Hugo, dont les succès romanesques ont traversés le temps, n'a été élevé au panthéon qu'en 2001 ! Alors même que Hugo y avait été inhumé à sa mort en 1885, comme le plus grand écrivain-penseur français.  Pourtant Hugo lui-même était souvent jaloux de la richesse et de la finesse des travaux de Dumas et se brouillait avec lui lorsqu'il considérait que les succès de son confrère étaient plus importants que les siens. 

Notez-bien que si "les Misérables" de Victor Hugo passent pour un chef-d'œuvre, les Romans de Dumas ont donnés vie à plus d'une soixantaines d'adaptations cinématographiques et télévisuelles qui à leur tour ont connus un franc succès. Les œuvres de Dumas sont appropriées par le monde entier, tandis que Victor Hugo il faut l'avouer, reste plutôt "français"... Mais l'un est blanc et l'autre un peu bronzé... Enfin ce que j'en dit...
Tout ça pour en arriver à vous retranscrire cette magnifique joute verbale qui se passe de commentaire :

"Dumas un jour entre dans un salon. L'un de ses ennemis (et il n'en manquait pas, envieux et fielleux de tout poil) le voyant arriver change de conversation et se lance dans une savante dissertation sur les "nègres", comme l'on disait alors. Plaisanteries fines d'un racisme ordinaire. 
Dumas ne bronche pas.

L'autre élargit sa démonstration aux colorés de tous horizons. Dumas n'a garde de bouger, encore moins de répondre. Enfin, n'y tenant plus, l'odieux personnage apostrophe directement notre auteur:

- Mais au fait, mon cher maître, vous devez vous y connaître, en nègres, avec tout ce sang noir qui coule dans vos veines.

Dumas réplique alors, sans avoir à élever la voix au milieu d'un profond silence du salon dévoré d'anxiété:

- Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière grand-père un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit."

Biet (C.), Brighelli (J.-P.), Rispail (J.-L.), Alexandre Dumas ou les aventures d'un romancier, Paris, Gallimard, Coll. Découverte, 1986, p.75.

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